Bulletin de l'IRME

Le symposium sur l’environnement et les mines : un évènement devenu un incontournable

Le Symposium sur l’environnement et les mines a évolué au fil des ans pour devenir un évènement incontournable pour les spécialistes du domaine. Voici un retour sur ses débuts et son évolution, ainsi que les faits saillants de sa dernière édition.

Inspirés par les colloques du Programme de neutralisation des eaux de drainage dans l’environnement minier (NEDEM) tenus au Québec dans les années 1990, des intervenants de l’UQAT et de Polytechnique Montréal ont convenu en 2002 d’organiser à Rouyn-Noranda le premier Symposium sur l’environnement et les mines, en synergie avec la Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT en environnement et gestion des rejets
miniers, qui avait été lancée un an plus tôt. Cet évènement visait à diffuser de nouvelles connaissances et des approches innovantes, qui soutiennent un développement plus responsable des ressources minérales, favorisent une plus grande acceptabilité sociale des projets miniers et contribuent à un meilleur contrôle des coûts associés à la gestion environnementale. Il est devenu triennal et a eu lieu par la suite en 2005, 2008, 2011, 2015 (exception) et 2018. La composition du comité organisateur est demeurée sensiblement la même au cours de ces six éditions, en regroupant des représentants de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et de Polytechnique Montréal, de l’Institut canadien des Mines et de la Métallurgie (ICM), de l’Association minière du Québec (AMQ), des producteurs miniers, des consultants et des représentants des gouvernements.

Ce symposium se distingue autant par la variété des activités offertes que par la diversité des participants. En effet, on y retrouve des conférences scientifiques et techniques de pointe, des communications par affiches, une session plénière, des cours intensifs, un salon commercial et des visites de sites miniers. Les participants au Symposium proviennent de plusieurs régions du monde et de différentes affiliations : des scientifiques, des opérateurs miniers, des représentants des gouvernements et d’organismes publics, des fournisseurs de services et d’équipements et des diplômés. La formule retenue est appréciée, car l’engouement ne cesse de croître. En effet, la participation est en augmentation de près de 20 % à chaque édition (Tableau 1).

L’ÉDITION 2018, UN NOMBRE RECORD DE PARTICIPANTS

Tenu au mois de juin, le Symposium 2018 a été particulièrement populaire avec ses 420 congressistes. Le tout a débuté le dimanche avec trois ateliers de formation intensive d’une demi-journée, qui ont été offerts à une quarantaine de participants : la minéralogie appliquée tout au long du cycle minier, le traitement des eaux minières – technologies en développement et toxicité aquatique et l’utilisation de géomenbranes et de géocomposites bentonitiques comme matériau de recouvrement pour isoler les rejets miniers.

Le programme technique a, quant à lui, été présenté les les deux premières journées et s’est tenu en traduction simultanée dans une salle bondée. Pour cette dernière édition, le comité organisateur a voulu mettre en évidence l’expertise et le savoir de femmes de carrière qui contribuent de façon significative à l’avancement du secteur. Ainsi, la moitié des conférences ont été présentées par des représentantes de la gente féminine.

Le programme comptait quatre sessions de conférences, dont voici les faits saillants :

GESTION DES REJETS MINIERS

La session a confirmé l’importance d’intégrer la gestion des rejets et la restauration, de même que de prendre en compte les aspects géotechniques et environnementaux avant et pendant les opérations. Il a aussi été fait état du bien-fondé économique et environnemental de l’approche de gestion intégrée des rejets. Le caractère unique de chaque site et l’importance de développer des techniques de gestion innovantes ont aussi été soulignés.

PRÉDICTION DE LA QUALITÉ ET TRAITEMENT DES EAUX MINIÈRES

Cette section a permis de s’intéresser au fait que la caractérisation géoenvironnementale permet d’identifier des contaminants potentiels et des lithologies stériles valorisables. Il a été souligné que le développement de l’analyse des isotopes stables contribue à améliorer la compréhension des phénomènes contrôlant la qualité des eaux de drainage. Il fut aussi mention que le traitement passif des eaux minières contaminées est une option à viser surtout en polissage ou à courte durée, alors que le traitement actif des contaminants d’intérêt émergent est un enjeu constant en raison des développements de la métallurgie et de l’avancement des connaissances et des contraintes règlementaires.

RESTAURATION DES SITES

Cette session fait état de la difficulté, encore aujourd’hui, d’effectuer la restauration de sites fortement oxydés, du peu d’information disponible sur l’impact de la mise en place de la végétation sur la performance à long terme des méthodes de restauration, des options de monitoring à distance du comportement des ouvrages de restauration favorisant une meilleure gestion du risque, de l’intérêt envers des paramètres pouvant influencer la performance de matériaux alternatifs, tels que les géocomposites bentonitiques et le pasterock® et, enfin, d’une approche de conception des recouvrements isolants, intégrant les rejets miniers dans le pergélisol.

DÉVELOPPEMENT RESPONSABLE ET INNOVATION MINIÈRE

D’un point de vue technico-économique, la session a fait part d’approches pour le développement d’opportunités de valoriser des rejets miniers de même que de l’intégration des changements climatiques aux méthodes de restauration. Au niveau socioéconomique, les discussions ont porté sur des perspectives de certification et d’ententes entre les parties prenantes quant aux répercussions et aux avantages des projets miniers.

Soulignons aussi que les sessions ont été complétées par des présentations en 180 secondes du projet de thèse de trois étudiants. Tout au long du Symposium s’est tenue une session d’affichage, comptant 44 affiches portant sur des travaux scientifiques réalisés par des diplômés en provenance de différentes universités canadiennes. Cette activité a même été l’occasion pour certaines compagnies de recruter de nouvelles ressources humaines.

Pour sceller le programme technique, une session plénière a été présentée sur le thème Fermeture des sites et responsabilités à long terme. Il a été souligné par les panélistes que le « design for closure » et la gestion intégrée des rejets doivent demeurer des préoccupations centrales lors de la conception des projets miniers et que les besoins en recherche demeurent importants quant aux questions de stabilité (physique et chimique) à long terme des ouvrages. Il a aussi été clairement mentionné que la durée de vie de ces ouvrages dépassera largement celles des personnes et des compagnies qui les ont construits et, qu’un jour ou l’autre, ils reviendront à l’État. Il a alors été mentionné qu’il sera primordial que des dispositions soient prises par les gouvernements pour assurer ce retour à l’État.

REMISE D’UN PRIX CARRIÈRE

Lors du Symposium, le Prix carrière Frederick W. Firlotte a été décerné à M. Michel Aubertin, professeur émérite de Polytechnique Montréal. Chercheur de renom, le professeur Aubertin est sans contredit un pionnier de la recherche en environnement minier au Québec. Cette distinction reconnaissait sa perspicacité, sa vision, son engagement et son influence dans le domaine au Québec. Les précédents lauréats de ce prix ont été Serge Vézina (CAMBIOR, 2008), Benoît Demers (SNC LAVALIN, 2011) et Louise Grondin (AGNICO-EAGLE, 2015).

VISITES DE TERRAIN

Lors de la dernière journée, une cinquantaine de congressistes ont eu la chance de participer à différentes visites aux sites des mines Westwood, LaRonde et Éléonore ainsi que dans la région de Cobalt. La grande connaissance des guides, la qualité du programme de visite et celle de la réception sur ces sites ont charmé les participants.

Parallèlement, une journée en mode solution sous le thème Creuser plus loin a été organisée par MISA (Réseau d’expertise en innovation minière). Six conférenciers du programme technique du Symposium ont donné rendez-vous aux participants afin de provoquer les échanges et le choc
des idées quant aux défis de la recherche et de l’innovation. Une soixantaine d’industriels miniers, d’experts et de chercheurs en environnement ont participé activement à cette journée lors d’ateliers interactifs.

UNE ÉDITION COURONNÉE DE SUCCÈS

Un sondage de satisfaction réalisé à la suite de l’édition 2018 a démontré la grande qualité de l’évènement et de l’accueil fait aux congressistes. Devant ces avis très favorables des participants, les organisateurs sont clairement encouragés à poursuivre avec une sixième édition.

RENDEZ-VOUS EN 2021!